Comment se repérer dans les orientations d’activités ?

Une diversité d’activités est proposée aux personnes en situation de handicap s’appuyant sur des médiations culturelles et artistiques à domicile ou en institution d’accueil. Ces activités peuvent être situées entre art, culture, soin, thérapie, art thérapie, soin culturel. Toutes peuvent avoir leur richesse, mais un manque de clarté entre ces orientations peut être source de discriminations, cette confusion empêchant parfois les personnes en situation de handicap d’avoir accès aux pratiques culturelles de leur choix.

L’accès à la culture est un droit fondamental inaliénable pour tout être humain. Cet accès ne peut donc dépendre de l’avis de personnels médicaux, paramédicaux ou autres.

« Je me trouve imbécile de demander la permission de faire des tableaux à un médecin »

Vincent Van Gogh, dans une lettre à son frère Théo, lors de son hospitalisation à l’hôpital de Saint-Rémy

Des pratiques à ne pas confondre, des caractéristiques à ne pas oublier

Activités culturelles et artistiques
Art thérapie

Activités culturelles et artistiques

  • Pour accéder à une pratique artistique d’un bon niveau, il faudrait avoir la possibilité de rencontrer des personnes investies dans ces activités, et de s’entraîner bien au-delà d’une heure par semaine…
  • Face à des besoins, à des demandes culturelles, orienter vers des activités de soin, d’art thérapie pour les seules raisons que le cadre est un lieu de soins ou que l’on confond handicap et maladie, ou que l’intervenant a bénéficié de formations, d’expériences en art thérapie, peut constituer un processus de discrimination ; en effet, la personne est considérée alors, avant tout au regard de son handicap, de sa maladie ou de son âge et non, au regard de son droit à la culture, en tant que citoyen. (.. Mesures nécessaires en vue de combattre toute discrimination fondée sur le sexe, la race ou l’origine ethnique, la religion ou les convictions, un handicap, l’âge ou l’orientation sexuelle. Traité d’Amsterdam, article 13).
  • Pour un cours de danse, de chant, de peinture, il est d’usage pour les personnes valides d’aller vers des professionnels de la culture, des loisirs. Pour ces mêmes activités, renvoyer des citoyens vers des soignants constitue un processus de discrimination. Même si l’implication de soignants peut être nécessaire dans certains cas pour ces activités, ceux-ci doivent travailler en partenariat avec les professionnels de la culture pour que les principes d’égalité des chances, d’égalité de traitement, dans l’accès aux pratiques culturelles soient respectés.
  • Le processus de création exige presque toujours la possibilité d’être « en intimité avec soi-même ». En effet, peut-on imaginer l’élaboration d’un roman, d’une oeuvre musicale, poétique, picturale, dans sa maturité, si le créateur est en permanence interrompu dans son élan, dans sa démarche, par l’intervention d’une personne quelle qu’elle soit, enfant, professionnels du soin, de l’animation, de l’enseignement ?
  • L’histoire de l’art nous enseigne que le processus de création s’exprime rarement, dans son essence, dans le cadre d’activités collectives, même si dans l’apprentissage ou dans le développement de réalisations artistiques la démarche collective peut être souvent nécessaire et apporte toute sa richesse.
  • Pour connaître la diversité des pratiques culturelles, consulter des ouvrages comme Les pratiques culturelles des français à l’ère numérique – Olivier Donnat, Enquête 2008, (France).

Art thérapie

Dans de très nombreuses institutions sanitaires et médico-sociales des activités d’art thérapie sont proposées à des personnes malades et/ou handicapées.
L’art thérapie, la musicothérapie, la danse thérapie… sont des pratiques de soin, de rééducation ou de relation d’aide, utilisant les arts (arts plastiques, arts de la scène, musique, etc.) comme moyen d’expression, de communication, de structuration et d’analyse. Elles s’adressent à des personnes présentant des difficultés liées à des troubles psychiques, sensoriels, physiques, neurologiques ou en difficultés psycho-sociales.

Il existe différentes techniques selon les populations concernées, diverses approches selon les orientations (psychanalytique, comportementaliste, cognitiviste, humaniste, etc.), des méthodes actives réceptives, des prises en charge individuelles ou collectives. Ces activités qui peuvent être d’une grande richesse ne doivent pas être considérées comme des activités culturelles et artistiques, comme des activités répondant au besoin de culture, au droit à la culture. En effet, celles-ci s’inscrivent dans le cadre d’objectifs thérapeutiques, impliquant une évaluation régulière de l’impact sur l’état de santé, des caractéristiques totalement étrangères à celles des pratiques culturelles.